A la grâce de Sion
voyages et fiction

 

 

 

 

A Soukhotine
dit Pierre, Pierre à Louanges

 

 

Il est là,
dans mes poumons et la trachée
et le palais,
s'extirpant maintenant
de ma bouche
avant de flotter devant mes yeux incrédules:
le Nom.
Il me salue
et tel un gros vers indolent
se retourne et s'évanouit.
Seules ses cendres, à mes pieds.

La nuit, 3 Août 1973, Bali.

 

Il est là,
dans l'insondable douleur
aiguisée au creux de mes reins
par le fil d'un temps premier
qui me cloue au sol
d'un grand feu cérémoniel où,
goguenard,
à sa gloire,
Il danse.

La nuit, 15 Août 2006, Oklahoma.

 

Il est là,
dans sa gorge se nouant
jusqu'au dernier spasme
où,
Elle l'engloutit,
et son regard même.
...
"Médée!"
m'entendis-je dire
"Médée.."
pétrifiée à jamais
sous mes yeux de
Pierre.

Le jour, 9 Août 1997, Paris.

 

Je suis le Nom,
je suis ton corps, ton pain,
je serai ton tombeau.
Et voici que je m'apprête,

 

pour Elles (*)
...
dont ma mère.


 

 

 

 

 

 

 

"Lundi.
Le nouvel être dit que son nom est Eve. Pourquoi pas? Je n'ai rien à redire.
Il prétend que ça sert à l'appeler, si je veux qu'il vienne. J'ai répondu
que dans ce cas, il ne servait à rien.."

La vie privée d'Adam et Eve, Mark Twain

 

" Tu veux savoir mon nom le plus connu. Cyclope? je m'en vais
te le dire; mais tu me donneras le présent annoncé. C'est Personne mon nom:
oui mon père et ma mère et tous mes compagnons m'ont surnommé
Personne."

Ulysse. Odyssée. Homère

 

"Qu'y a-t-il dans un nom?"

Shakespeare

 

(*) photo de Levi-Strauss, Tristes Tropiques,
où il évoque ces étranges hiéroglyphes par lesquelles la culture caduveo signifierait le refus d'être un reflet de l'image divine.


 

Alors, cela pourrait commencer ainsi:

 


Lourd après-midi lorrain, au loin, une colline inspirée°,
fin de l'été 1997,
40 jours après la mort de ma mère..

Distraits, mes doigts pianotent sur un clavier
son nom de jeune fille, Soukhotine ,
qui d'un clic/cri "Yahoo!" dans notre nouvelle mémoire globale
subitement, quasiment par inadvertance,
convoque les non-dits de deux générations.
Et le grand silence s'afficha:

Raspoutine
.. Ce soir-là, le prince Youssoupov a décidé avec quelques amis - le grand-duc Dimitri, le chevalier garde Soukhotine et Pourichkievitch - de libérer
son pays de ... ‎

 

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2. - Seigneur! -aurait- dit ma mère, qu'est-ce que cette histoire?
3. - Une histoire à NE PAS dormir debout, … . Et la meilleure que j'aie jamais entendue dans son genre *

 

Nouveau clic.
...
Lorsqu'elle quitta Paris, au printemps 1895, et rentra en Russie, elle rendit visite pas hasard au commandant Soukhotine qui était de ses amis, et lui remit une copie des Protocoles ... El mariscal Soukhotine había dado una copia a Steponoff procurador del sagrado sínodo de la Iglesia Ortodoxa de Moscú y otra a Nilus, ...... Nel 1895, infatti, i “Protocolli” erano già nelle mani di Soukhotine e di Stepanoff;. – nel 1901, erano già in possesso di Nylus1 ...
L'article du Times sort au moment où les Russes Blancs ... "Les Protocoles .. et de façon plus générale le mythe du complot juif "...

 

4. - A mon sens, lorsque mes parents m'engendrèrent, l''un et l'autre aurait dû prendre garde à ce qu'il faisait: et pourquoi pas tous les deux puisque c'était leur commun devoir.
5. - Pardon mon ami, -aurait- dit ma mère, n'avez vous pas oublié de remonter la pendule?
...
6. Les étoiles: ne pas les montrer du doigt. Ne jamais écrire sur la neige. Quant il tonne, toucher le sol.***

 

 

 

 

 

 

 

 

 



Hélas, pauvre Yorick!**

Enter two Clowns with spades, & co..
...
Hamlet. This?
1 Clown. E'en that.
Hamlet. Let me see. (Takes the skull)
-Alas, poor Yorick!

 

 

 

 

"Alas…" soupireras tu, songeur, cher lecteur.
Mais, voilà l'histoire toute drapée de limon sec.

 


L'Histoire qui aurait pu commencer ainsi:

 

 

Il était une fois, une image qui avait trop longtemps dormi dans un album de famille.
Toutes celles et ceux qui l'avaient connue étaient partis.
Ô martiale muette.
Du moins, un regard historien y verra un empereur de toutes les Russie
assis au milieu d'un état-major, sans doute celui de sa garde impériale,
Nicolas II.
Et ce dernier, hélas, ne parlera pas plus .
Que faisait donc cette photo, qui n'est pas une carte postale comme il y en avait déjà tant, dans cette mémoire intime?

 

 

Presqu'un siècle était passé.. lorsqu'un jour,
une loupe tomba aux pieds du tsar
sur un jeune officier agenouillé.
- Bon sang! Mais bien sûr!!!
Grand-Père!
Mon Muet!

Enfin, celui qui ne m'a jamais rien dit
sinon qu' enfant, il avait joué avec un bébé ours orphelin
mais, très vite, instinct sauvage aidant, son père avait du le tuer.
Tuer?.. Ah si, aussi, ces cadavres encore chauds de chevaux
qu'il fallait, à la baïonnette, éventrer pour, un instant, s'y blottir
afin de ne pas mourir de froid.
C'était dans les Carpates contre les Austro-Hongrois l'hiver 1915.
Mais sur la guerre civile qu'il a pourtant faite du côté blanc jusqu'à la fin?
Rien
Sur sa vie à Paris comme apatride dans l'entre-deux guerre?
Rien
Sur ses errances en Allemagne à partir de 1941 comme travailleur forcé?
Rien
Du moins il était dans la gare de Dresde la nuit du 13 Février 1945.

Tuer?
Peut-être jusqu'à la mémoire de son nom..

 

 

 

 

 

 

Première crise, le DEBARQUEMENT

"Le bon coin pour le Snark!" cria l'homme à la Cloche,
Tandis qu'avec soin li débarquait l'équipage,
En maintenant, sur le vif de l'onde, ses hommes,
Chacun par les cheveux suspendus à un doigt.

"Le bon coin pour le Snark! Je vous l'ai dit deux fois:
Cela devrait suffire à vous encourager.
Le bon coin pour le Snark! Je vous l'ai dit trois fois:
Ce que je dis trois fois est absolument vrai."

L'équipage au complet comprenait un..

Il y avait un homme connu pour tout ce qu'
Il avait oublié de transporter à bord.
...
mais le pis est qu'
Il avait oublié totalement son nom.

Il répondait à "Hep!" ou à n'importe quel
Eclat de voix: à "Zut alors!", à "Nom d'un chien!",
A "Au-diable-son-nom!", à "Comment-qu'il-s'appelle!"
Mais préférablement à "Trucmuche-Machin!"

Pour ceux qui souhaitaient plus de verdeur verbale,
Notre héros, au choix, portais d'autres surnoms:
Pour ses sympathisants, c'était "Bouts-de-Chandelle",
Et pour ses adversaires "Sacré-Vieux-Croûton".

"Physique déplaisant, chétive intelligence,
(Disait, parlant de lui, souvent , l'Homme à la Cloche)
Mais courage parfait! Et c'est là, je le pense,
Ce qui manque le plus quand on chasse le Snark."

Il aimait taquiner l'hyène, en répondant
A son regard d'un signe de la tête impudent;
Il se promena même, un jour, avec un ours,
Bras dessus, bras dessous: "afin de le distraire…"@

 

7. La lune, crâne de Mongol chauve, s'éloignait en douce. (Le seul intérêt des discussions: les idées qui vous viennent après-coup.)
"Vous avez écouté Goebbels, hier soir?” (le débit de ce type: - vite § longtemps - . Ses alignements de mots contournés et ovoïdes, le tout pour ne dire que des saloperies gratuites et insondablement ineptes) ...“ Oui, je l’ai entendu” “ C’est un malin!” (?) (Il voulait dire - un mal, hein! -) ***
8. "Ces pygmées gardes blancs, dont la force ne saurait être comparée qu'à celle d'insignifiants têtards, furent jetés par dessus bord comme autant d'encombrants immondices." ****

* Sterne, Vie et opinions de Tristram Shandy, chap.XXXIII, fin du livre9, **idem, début du chap 1 du livre1, chap 12
***Arno Schmidt, Scènes de la vie d'un faune p.1
Hélas, pauvre Yorick! voir Hamlet V, 1, Shakespeare
**** Staline XVIIIe congrés du PCUS 1939.
@Lewis Carroll "La chasse au Snark, Délire en huit épisodes ou crises" 1876
° Maurris Barrès, La colline inspirée, Sion, 1913.

 

 

Sterne, Shandy, Schmidt, Shakespeare, Staline
et la chasse au Snark à Sion?

Ahhh Soukhotine,
insondable statue,
dont je me souviens, toujours à sa fenêtre jusqu'au crépuscule,
que de S incertains, indécis,
aussi bien le crochet utilisé en boucherie que l'ouïe de certains instruments à cordes...

 

 

 

 

 

S. si Si-on siffleras-tu doucement, cher lecteur.
Enfin, qu' S ces protocoles de sages..
Attention! et chuuuut! Leur lecture salit!
Salit?!
Oui, tes yeux, ton âme, ton coeur, cher lecteur,
et ce à tel point que dans une totale incontinente inconscience,
un jour, sortira de ta bouche l'immonde serpent …
???
S
à la langue insidieuse annonciatrice de tous les maux:
le mensonge du mensonge

 

 

 

?!?!?!
Une image peut-elle tuer? Un nom peut-il mentir*?

Du moins une bouche pleine ne ment jamais alors
conjurons, bouffons, anagrammons à pleines dents
ces protocoles.. (ou) le déni des cloportes angoissés

 

1) empirer, colporter

le droit tôlier iodle, désire, sidère, farandoles salonnardes
ce qui tue l'éthique cuitée, braillante, rebatellée
l'or lourdé, doute, idolâtre, originel graillon
l'anarchie câline chaînera et chialera ses souvenirs violeurs: révulsion, peuples esseulés, suppléés
l'or rôté lésera nos raisonnements néantisés
pas de moralité préadamite désemparée dépatriée, lapidée
il faut semer, fleureter, caraméliser, fusiller, altruiste chamaillerie encanaillée, endimanchée
pas de morale nilotique péquenote équipolée, déparlée, empalée,
le droit drôlet décollettera, récolte folâtre
l'invincibilité loudéacienne, mononucléaire, duodécimale, incivile dédouanée
le libéralisme mirabelle rimaillé embellira les biculturalismes irrétrécissables
la foule flouée, folle, fléau aveuglé, égueulé, flagellé
l'impuissance alpiniste, pauliniste, sulpicienne, surmédicalisée, départie, déprisée, dispersée
seuls élus, orgueilleusement, universellement, épistémologues émoustillés,
le calot, le clou, la culotte
alcoolisme, camisole monopoliste amollie, protutrice tournicotée
la force oracle éclora chrysolite, cryolite, spirochète
la terreur, urétral râteleur, leurrera
liberté, bélître, liberté-égalité, billetterie aigrelette retaillée, liberté-égalité-fraternité,
retarifera, enferra, enterra
contre l'étron trône, grossièrement les géocentrismes égocentrismes entrecroisés disséquant
l'aristocratie asticoterai, carotterai, caporaliserai, copulerai, catoptrique
flatter le labélisé, l'aseptisé, la pailleté, le satellisé
la liberté rebelle bouleversera, ensoleillera le vouloir, pleuvoir

 

2) mixer, décomplexer

nécessité cérémonieuse disséquera, escroquera, médusera, cornemuse
fonctionnaires lessivés, leviers ivres
Darwin, Marx, Nietzsche, portefeuilles trifouillassés, filoutassés, retouillassés, surexploités
pouvoir potinant, tapinant, adaptant
la presse serpe pèse
l'or tétragon ergotant étagera

 

3) électrotropisme, spectrométrie, isopérimètre

le cercle neuroleptique burlesquement démoustiqué
pour dessécher, dessaler, désinfecter, décentraliser
opposer les spirales tripales
pour repourvoir l'inéprouvé poivré
des droits fossilisés ressuscités, repolitisés
le pouvoir corpulent préencollé, recentuplé
noblesse pirouette tripotée
protection moussée excommuniée
brimer, allaiter la valetaille
le droit dortoir, dorlote
détruire, bosseler, bécoter
l'enseignement décanillé, vandalisé
l'organisation écrêtée sècréte
les crises monoïques cinoques
protéger élusif
le libéralisme patriotard distordu attiédi
la "grande" tourniole ovulera
le roi-dopé dépoté
force alluvionne antirationnelle & antédiluvienne
éducation pédaleuse défaussée, dépeuplée
la "bélître" libérée

et ce encore 21 fois en passant par les volatiles

7) coléoptères métropolites cosmopolites

8) thermocouple protoétoile

le réjouissant

13) picoter, picoler, peloter: électrométrie complétée

le pompeux

14) azéotropique protocolaire ploutocrate claquetté

le repu

21) monologue glouton & ventripotent

jusqu'à l'inénarrable

24) recompliquer particulièrement l'interpolatrice électroportative intervocalique
...
… des cloportes angoissés

 

Rassure toi, cher lecteur, cet intermède glossolalique
tu ne pourras pas le désanagrammer,
à moins que tu n'ailles tout simplement lire l'original sur la toile
car garde toi bien de sa grisaille policière de clichés empilés:
elle est inodore mais douceureuse, poisseuse, empoisonneuse.
De ma propre bouche, un jour, l'immonde serpent est sorti.

S

"Volksschädlingsbekämpfer! Volksschädlingsbekämpfer! **"
(préposé à la lutte contre la vermine du peuple)
"Tous ces singes qui mâchent de la colle!?"…***
A force de "désamériser le marron amer"**

?? ou l'obsession de l'éradication d'un Nom
"Ah! Mère?.."
Si-on?
Substituons

Darwin, Marx , Nietzsche exploités par les Romanichels!
Le supergouvernement manouche!
Les auxiliaires des Tziganes!
La dictature Gitane!.. °

"Gauche, gauche! en chantant, une, deux… !"
.. se mettent à beugler avec conviction:
- Tê-hêre be-hé-ni-ieu de noza-a-hieux…
(Pendant ce temps, on crève dans leurs camps de concentration!)***

Dresde, 13 Février 1945,
l'ineffable Goebbels:
"Nos villes en flammes sont des flambeaux sur la voie de l'accomplissement d'un ordre meilleur"


* "Mein Kampf" 1925 Adolf Hitler citant les protocoles
** "LTI, la langue du IIIe Reich" 1946 Victor Klemperer
*** "Scènes de la vie d'un faune" 1953 Arnod Schmidt
° Grenoble. 30 Juillet 2010. Un préposé à la lutte contre la racaille du peuple -spécialement au karcher®-
(malgré les protestations de la dite société Alfred Kärcher GmbH & Co: "..l'usage de notre marque à des fins
politiques est en opposition aux valeurs que souhaite véhiculer l'entreprise, façonnée par soixante-dix ans
d'histoire"), bref, un tout petit homme "sorti de la boue", au milieu de quelques boutefeux, à coups de mentons
martiaux maris -plus proches de ceux de Louis de Funès que du Duce-, vitupère, au nom d'une masse cocardière,
l'inassimilable:
Le mauvais français, le faux français, enfin celui qui ne le sera bientôt plus et le pas du tout français:
Le Rom.
Soit, si Entnazififizierung! Dénazification! il y a bien eu, qu'en est-il des cloportes angoissés ?..

Quelques coléoptères métropolites cosmopolites passèrent, voletant, zigzaguant..

 


Holà! M'interromperas-tu, cher lecteur
S'il y a toujours eu, s'il y aura toujours des cloportes angoissés
se goinfrant de clichés, de préjugés , de prêt à rien penser
jamais un nom n'a pu mentir!

Hum.. Cher lecteur, les anciens grecs Cratyle et Hermogène en discutaient déjà
et comme l'un s'appelait fils d'Hermès, dieu du gain, tout en n'ayant connu que la pauvreté.. Bon, "la nature même se trompe" chanta l'autre..
Au moins, Dieu parlant très certainement français, cher lecteur, vous avez aussi raison:
Nom c'est non!
Hélas, cette farouche vérité n'a pu éviter l'enfer sur Terre.

 


"Ton nom ment!" glapissait le sinistre futur petit moustachu qui ne s'est jamais remis de cette confrontation
avec un Pierre qui flairait (en)vers..
Avant que ses S.A ne commencent à user du bâton en de funestes préliminaires..

 

Un moine chinois du 13eme siècle nommé Mumon (“Sans Porte”)
a rassemblé 48 “Kôans” qu’il a assorti chacun d’un commentaire et d’un poème.
L’un d’entre eux parle de bâton:

Shuzan sortit son bâton et dit “Si vous appelez ceci un bâton,
vous ignorez le fait. Alors comment voulez-vous appeler ceci?”

Commentaire de Mumon:

Si vous appelez ceci un bâton, vous vous opposez à sa réalité.
Si vous n’appelez pas ceci un bâton, vous vous opposez à sa réalité.
Si vous ne l’appelez pas un bâton, vous ignorez le fait.
On ne peut l’exprimer avec des mots et on ne peut l’exprimer
sans les mots.
Alors dites rapidement ce que c’est.

Poème de Mumon:

En brandissant son bâton,
Il a donné un ordre de vie ou de mort.
Le positif et le négatif entrelacés,
Même les Boudhas et les Patriarches
ne peuvent échapper à cette attaque.

 

“ Les mots mènent donc à une certaine vérité, et peut-être aussi à une
certaine fausseté, mais en tout cas certainement pas à la vérité totale.
C’est pourquoi le Zen est en grande partie la lutte contre la confiance des
mots. Pour combattre l’emploi des mots, l’une des meilleures solutions est
le Kôan, dans lequel les mots sont si mal utilisés que, si
on le prend au sérieux, on a l’esprit totalement embrouillé.
En fait, c’est encore plus fondamental que cela, car pour “nommer” il faut
percevoir.
Et dès que vous percevez (sentez, voyez, saisissez) par exemple un ...
bâton, vous tracez une ligne entre lui et le reste du monde, vous divisez
artificiellement en plusieurs parties le monde, vous vous faites alors des
illusions et vous manquez l’Illumination.
C’est le dilemne des adeptes du Zen. “#

 

... Notre moine chinois se nomme bien "Sans Porte"...
Ah, si le petit Adolphe s'était appelé ainsi ou.. Chaplin, plutôt que de lui piquer sa moustache par dépit d'un Pierre à flair etc..,
pour le plus grand bonheur de l'humanité, il aurait peint avec un bâton.. Sion.

Oh, que de rides perplexes ne dessines tu sur ton auguste front, cher lecteur,
me demanderas tu ce qu'en aurait dit Wittgenstein?
.. Peut-être la dernière proposition de son Tractatus:
"- Sur ce dont on ne peut parler, il faut garder le silence."

 

Alors en silence poursuivons notre chemin de Sion.
Un chant s'élève: celui de Maurice Barrès célébrant la colline inspirée, et dans quelle langue!

"Ici ne peut planer Méphistophélès, l'esprit qui nie:
la lumière l'absorberait et le grand courant d'air lui briserait les ailes.
C'est ici l'un des théâtres mystérieux de l'action divine et l'un des antiques séjours
de l'Esprit. La plus simple mélodie, une voix jetée au vent de la falaise
nous en rouvrirait les chemins, tant nous sommes nés pour ressentir sa grandeur,
sa solitude, sa constance et la suite brillante de ceux qui la foulèrent, bref,
l'indéfinie poésie, la vertu qui dort dans ce haut refuge.
Arche sainte, un mot!… Tout se tait!
Quel silence dans cet immense espace qui surveille, attentif, son haut lieu!

Un homme a souffert de ce silence de Sion.."°

Je me baisse, dans ma paume, un lys de mer fossile, une étoile de Sion.

Ô Bat-Tsion, fille de Sion, pousse des cris de joie! Pousse des cris d'allégresse!
Réjouis-toi et triomphe de tout ton coeur!
Ô Marie, fille de Sion par excellence, médiatrice de toute grâce et co-rédemptrice!*

L'écho se leva et chanta
"Si-on?Si-on?"

“l’hypothétique, l’”imaginaire”, le conditionnel, la
syntaxe de l’antifait et de la contingence sont peut-être
les centres producteurs du langage ...Ils ne se contentent
pas de laisser perplexe le philosophe et le grammairien ...
Tout autant que les futurs, auxquels on les devine
apparentés, et auxquels on devrait les adjoindre en un
ensemble plus vaste de la “supposition” ou de
l’”alternative”, ces propositions en “si” sont un des
ressorts essentiels de notre affectivité.

L’homme a la faculté, le besoin, de contredire ou de
dédire le monde, de le dessiner ou le parler autrement ...
Il nous faut un mot pour désigner la faculté du langage,
son instinct irrépressible à poser
“la qualité d’autre” ...
Le terme “altérité” servira ici pour définir
“ce qui n’est pas le cas”, les propositions, les images,
les profils de vouloir et d’évasion contraires aux faits
dont nous lestons notre monde mental et à partir
desquels nous construisons le cadre mouvant, en grande
partie fictif, de notre existence organique et sociale ...

Il est peu probable que l’homme, tel qu’il est aujourd’hui,
aurait survécu privé des techniques de l’artifice, de
l’antifait, de l’antidéterminisme du langage et sans le
pouvoir sémantique, engendré et tenu à disposition dans
les zones “superflues” du cortex, d’imaginer et
d’organiser des possibles qui échappent au cercle de la
décomposition organique et de la mort. °)

 

Dix jours plus tard
Elle m'a accusé, moi, d'avoir provoqué le désastre. Le serpent, dit-elle, lui a assuré
que l'interdit ne concernait pas les pommes mais.. les salades. J'ai répondu qu'en
ce cas j'étais innocent: je n'ai jamais mangé de salades. Mais a-t-elle dit, le serpent
lui a appris que "salades" , en style figuré, désignait un discours dénué de vérité.
A cette nouvelle, j'ai pâli…"

 

Dix jours plus tard (suite)
".. plus d'une fois j'avais exprimé un peu n'importe quoi, pour passer ce maudit temps..
Elle me demanda si je n'avais pas tenu ce discours au moment de la catastrophe.
Je dus admettre que oui: je me parlais à moi-même, encore qu'à voix très basse.
Voici ce que j'avais dit. En pensant aux Chutes, je m'étais dit...
C'est bien cela, dit Eve, triomphalement, pas besoin de chercher plus loin.
C'est exactement l'idiotie dont le serpent a parlé: c'est la première Salade, la salade fatale.
Hélas, je suis impardonnable. Si seulement je n'avais pas fait d'esprit; oh, si seulement,
je n'avais pas eu cette pensée!" *)

 

Si-on…

Dans le livre des Psaumes, il est décrit comme le lieu de résidence d'YHVH :

"Il est des lieux qui tirent l'âme de sa léthargie, des lieux enveloppés, baignés de mystère,
élus de toute éternité..
Seuls des yeux distraits ou trop faibles ne distinguent pas les feux de ces éternels buissons
ardents. Pour l'âme de tels espaces sont des puissances comme la beauté ou le génie.
Elle ne peut les approcher sans les reconnaître.
Il y a des lieux où souffle l'esprit."°

".. Sion.."
".. faible éminence sur une terre la plus usée de France, sorte d'autel dressé.."°

Une pierre, pierre à louanges..

Quarante ans plus tard

Sur la tombe d'Eve

Adam: l'Eden, c'était elle. *)


 

 

° "La colline inspirée", Barrès
#Douglas Hofstadter, Göedel, Escher, Bach
* Wikipédia: Le mont Sion est une montagne au Sud de la vieille ville de Jérusalem. Dans la Bible, Sion
désigne la ville de Jérusalem et, par extension, tout ce qui personnifie la présence et la bénédiction de Dieu.
Dans la Bible hébraïque, la fille de Sion désigne Jérusalem et sa population, ainsi que le peuple d'Israël,
par extension. Pour le catholicisme romain, la « fille de Sion » est Marie (mère de Jésus).
Nevi'im Livres prophétiques
Joseph Ratzinger, La Fille de Sion : Méditations sur Marie, Éd. Parole et Silence, 2005
°) Après Babel, George Steiner, Albin Michel 1978
*) la vie privée d'Adam et Eve, Mark Twain

 

L'Eden, c'était elles..

Adorable civilisation, de qui les reines cernent le songe avec leur fard: hiéroglyphes
décrivant un inaccessible âge d'or qu'à défaut de code elles célèbrent de leur parure,
et dont elles dévoilent les mystères en même temps que leur nudité.

a

 

Serait-ce l'explication du caractère exceptionnel de l'art caduveo, que par son
intermédiaire l'homme refuse d'être un reflet de l'image divine?
...
.. ainsi cette société éprouvait un vif dégoût pour la procréation.
L'avortement et l'infanticide étaient pratiqués de façon presque normale,
si bien que la perpétuation du groupe s'effectuait par adoption
bien plus que par génération, un des buts principaux des expéditions guerrières
étant de se procurer des enfants.°

b

Il est là,
dans sa gorge se nouant
jusqu'au dernier spasme
où,
Elle l'engloutit,
et son regard même

c

Un nom, ce nom

"Médée!"
"Médée.." m'entendis-je murmurer

Méduse médusée,
pétrifiée à jamais,
sous mes yeux de
Pierre

avant que je ne les couvre
de l'ombre de ma main
et ne les close
et sa bouche

"Médée.."
pour l'éternité.

d

Médée ma mère
m'a nommé pierre
sur laquelle le sacrifice
de ses fils


° Tristes tropiques, Lévi-Strauss,1955, Plon

 

???

Ah, cher lecteur,
déjà, comment puis-je te parler si "Médée, ma Mère..",
ensuite, que viennent faire toutes les supputations et disgressions sur Sion, Si on,
alors que le Soukhotine associé aux Protocoles, 1895.., ne peut être le même que celui évoqué dans l'assassinat de Raspoutine, 1916,
dont, pour l'instant, je ne vous ai pas dit un mot alors que sa seule image?!
Rassure-toi, cher lecteur, nous arriverons, sans doute, ensemble, à bon port,
du moins à Sébastopol où mère (et non Médée, même si nous sommes bien sur la même Mer Noire que Jason et ses argonautes..)
est née sur le dernier bateau évacuant les troupes blanches sous le feu de l'armée rouge le 15 Novembre 1920
à la suite d'une épopée digne du Docteur Jivago,
mais il est certain qu'est délicate l'articulation dans ces voyages et fiction de pré et post noms:
dans le premier article du Times évocant les protocoles en 1921, un certain A. Soukhotine est mentionné,
or en russe on dit toujours par exemple Piotr Philipovitch (fils de Philippe),
de Soukhotine, mon grand-père, nulle part, y compris sur sa pierre tombale, je n'ai trouvé le prénom de son père
et je me souviens n'avoir jamais entendu ma mère appeller son père par ses prénoms..
Premier mystère.
Le deuxième est que le Soukhotine ayant participé à l'assassinat de Raspoutine n'a lui tout simplement pas de prénom!
Même le principal acteur du crime, le prince Youssopoff, parle toujours de son ami Soukhotine officier de la garde.
Alors?
Le patronyme Soukhotine ou Sukhotin -en anglais- vient d'une seule même lignée:
vieille noblesse de la province de Toula, près de Moscou.

 

Un glaive et un lion.

 

Soit, qui aurait participé à la propagation des protocoles: le père, un oncle, un frère, un cousin?
Et, quel Soukhotine aurait participé au meurtre de Raspoutine: mon grand-père Wladimir ou l'un des ses frères?
Que je sache, il n'a eu que des soeurs..

Au fait, cher lecteur, pourquoi vouloir - à tout prix? - se trouver un ancêtre assassin?
Le fremissement du crime que l'on ne commettra - enfin qui sait - jamais soi-même?
Ô mon beau miroir morbide?

Allons au fond du miroir , cher lecteur.. si Ludmilla Soukhotine, ma mère,
dans son dernier souffle m'a fait dire
"Médée"
...

de quel deuil suis-je donc la pierre à louanges?

Ce texte en est la question .
Mais qui veut des réponses?

 

Sur le pont, Ludmilla, accoudée, regardait les deux cadavres.
Elle ôta ses bagues une à une, et une à une elle les jeta dans le fleuve.
Elle enleva son chapeau et le jeta à l'eau.
Et, un à un, elle jetait ses boucles d'oreilles, une ceinture, un collier de rubis, des peignes, des gants...
Elle était là seule...
Maintenant, toute la Sibérie se dirigeait vers le pont de Skakoff. A 50 verstes, des rennes et des loups meuglaient et hurlaient réciproquement
Toute une forêt se mit en marche à grands pas d'arbres. Des collines, des lacs prenaient voix.
Peu à peu, toute la Sibérie, avec ses villages, ses troupeaux, ses neiges, son océan glacial et son pôle s'approcha de Ludmilla,
lui fit une couronne.
Un ours blanc léchait sans relache un iceberg. Une colonie de castors construisait une tour de Babel.
10.000 chameaux conduits par Xénophon marchaient le long de la berge, portant des chargements de cravates, de sandwiches
et de jeunes filles. Un amiral appareilla. Koltchak! Koltchak!
Ludmilla frissonna. Elle rouvrit les yeux. Elle était seule, sur un pont.
Devant elle, le fleuve Amour roulait ses grandes eaux jaunes.
A peine quelques saules sur les rives sans ours.
...
Le fleuve Amour.°

 

 

 

Ludmilla, un jour trés rare, me dit à propos de son père,
"Ta grand-mère, Tamara, par amour, l'a sauvé des griffes de Makhno dont il était prisonnier"
"Ah.." me contentais-je , adolescent.

-Vous n'êtes pas de ces résignés, j'en suis sûr.
L'autre fixa sur lui ses yeux de fièvre et se mit à rire de son rire grêle, cruel.
-Vous voulez des histoires, hein? dit-il. Ca vous amuse encore. Hé bien!
Je vais vous en raconter une belle.
Il se penche vers mon ami et tout bas:
-Je vous dirai la vie de batko Makhno.
Il avait mis tant d'ardeur et de mystère dans sa voix que mon ami recula
légèrement. De nouveau retentit le rire grêle.

-De son prénom il s'appelle Nestor et par son père Ivanovitch.
Cela sonne assez étrangement, vous ne trouvez pas?
" Nestor Ivanovitch.
"Ce nom, qui date de la guerre de Troie, accouplé à l'autre, russe entre tous.
Ajoutez-lui Makhno et voyez le résultat;
"Nestor Ivanovitch Makhno.
"Il y a un triple destin dans ces syllabes: la ruse, l'insouciance et la férocité.
Vous pensez que j'exagère, que c'est de la prophétie après coup. Possible.

"Il est né voilà quelque quarante ans au village de Champ-la-Noce.
Et ce nom là, hein? Qu'en dites-vous? Champ-la-Noce! Champ de Noce!
Mais c'est un nom ivre, furieux. *
...


 

Nestor Makhno, anarchiste paysan ukrainien,
chef de guerre , 1919,
à qui j'entends, déductions historiques faites#,
Soukhotine dire dans un bar russe de Paris, où ils avaient tous deux émigrés, l'hiver 1926

"Je t'ai toujours admiré comme un grand guerrier.. trop grand, sans doute.. car, sais-tu que si tu ne nous avais pas battu, dans un rapport de force
de 1 à 10 !, à Pérégonovka le 26 Septembre 1919, nos troupes blanches seraient entrées dans Moscou un mois plus tard? Lénine et sa clique avaient déjà préparé leur fuite à Helsinki, tout fiers d'avoir tenu plus que la commune de Paris! Et je ne parle pas de ta percée insensée en Crimée le 8 Novembre 1920 qui nous a forcés à quitter à jamais notre mère patrie.."

..."des griffes de Makhno"???
Certes, cher lecteur, si tous les soldats blancs tombés aux mains des troupes de Makhno, comme moujiks, étaient libérés,
tous les officiers blancs étaient aussitôt sabrés en petits cubes.
Alors, comment Soukhotine a-t-il survécu?

Tamara?

 

 

 

 

 

 

heu.. sa fille Ludmilla ne ressemble pas à Makhno.
Et au-delà les délires de la nouvelle de Kessel,

"Soudain de leur troupe serrée, un petit homme bondit vers nous et,
à l'élan de son corps, je compris que c'était la mort qui venait.
" Je ne vis alors ni son visage ni ses yeux, Je ne vis qu'un éclat insoutenable, maladif, de prunelles.
Je jure Dieu qu'il n'était pas ivre. Cela se sentait à tous ses mouvements.
"Mais c'était bien pire. Un ressort effroyablement comprimé qui devait se détendre.
Un désir noué jusqu'au paroxysme et prêt à tout."
...
"Soudain le petit homme tire la main droite de sa poche, l'agite et crie:
- Les hacher, et voilà tout."*

Tamara?

"..la jeune fille dont je parle était pure, incroyablement pure.
Cette innocence était sur elle comme malgré elle..
Et puis ses yeux d'un gris profond et tendre.."

Tamara?

"Ainsi donc, voilà, face à face , ces deux visages.
...
Il dit avec un ricanement:
-Vous avez de la chance de ne pes avoir entendu parler de moi.
-Mais si, j'ai beaucoup entendu parler de vous.
-Et alors?
-Je ne crois pas à tout ce que l'on raconte.
-Ah! vous n'y croyez pas? Eh bien, je vous asssure, vous avez tort.
...
- Un désir de vous et je découpe en lamelles n'importe qui..
...
Elle dit enfin
- Pourquoi, pourquoi?
Il cria
- Je suis Makhno.. Et voilà tout.*

Et voilà tout.

Ah, cher lecteur, reprenons nos esprits:
Wladimir s'en est sorti, Ludmilla n'est pas la fille de Makhno, d'où?..
Cette folle nuit quel miracle s'est-il réalisé?
Et si c'était tout simplement le nom de son amour qui les avait sauvés?

Deux hypothéses:
-Makhno, antisémite, au nom Soukhotine, a entendu les "protocoles" et a donc gracié l'un de ses protagonistes
-Makhno, anarchiste libertaire, au nom Soukhotine, a entendu l'assassinat de Raspoutine et a donc etc..


Le prince Youssoupoff, dans ses mémoires, évoque un incident qui semble, ici, précieux:
pendant la guerre civile, alors qu'il était dans une de ses propriétés, en Crimée, surgit une bande de marins anarchistes enivrés à cheval..
Youssoupoff crut sa dernière heure venue lorsqu'un des excités l'interpella
"Youssoupoff? Est-ce bien toi qui a tué Raspoutione?!"
Tout s'est fini dans la meilleure des mers de vodka.

 

Reprenons la scène du bar parisien,
l'histoire toute drapée de limon sec:

Hiver 1926, l'aube. Un taxi parisien se gare dans une impasse proche de la place Pigalle.
La portière claque, son chauffeur se dirige à grand pas sous la pluie vers un porche où tremblote le néon d'un restaurant russe.
Sa démarche est altière, son manteau élimé, sans doute un ancien officier. Ôtant sa casquette mouillée,
il pénètre dans une minuscule salle où quatre tables peinent à tenir se figeant, aussitôt, tétanisé par le regard farouche du seul client présent.
"Makhno!" s'exclame-t-il s'asseyant avec précaution devant un inquiétant personnage, petit, trapu, au visage blême griffé d'une longue cicatrice, presque adolescent et féminin, auréolé de longs cheveux noirs et dont les yeux, gris d'acier, brillent d'une ardeur surhumaine.
"Que me vaut..?" gronde en russe Makhno dans un mauvais rictus avant qu'un sourire sarcastique ne le supplante:
"Mais voilà le seul officier blanc que j'ai jamais épargné durant toute la guerre civile!"
"Rappelle moi ton nom.." conclut-il d'une voix enjouée.
"Soukhotine, colonel Soukhotine" murmure le chauffeur, assez bel homme, encore jeune, nez aquilin, yeux azur.
"Ah, oui.. L'un des assassins de Raspoutine !" commente Makhno tout en se massant un poignet d'une large main, elle aussi balafrée.
Il grimace. "Ah, le souvenir de ces maudits fers du bagne.. qu'il n'a jamais connu notre Raspoutine, notre moujik débauché..
Notre tsarine allemande l'aimait trop.. Et vous l'avez eu! Ce démon.. "
"Trop tard!" lâche fataliste Soukhotine
"Trop tôt, trop tard.. L'Histoire est une amante cruelle.. J'en sais quelque chose..
Mais dis-moi, n'est-ce pas plutôt une très jolie jeune femme qui t'as sauvé? Il me semble..
Elle avait osé se présenter à moi avec un culot, une témérité incroyable!
C'était presque la scène décrite par ce chien de Kessel dans son répugnant "Makhno et sa juive" publié cette année
enchaîne-t-il gaiement en se saisissant du grand bol de café fumant qu'une petite babouchka aux nattes grises
vient de lui servir avec une expression incrédule: elle ne l'a jamais entendu aussi bavard!
"Oui, Tamara.. Elle est devenue ma femme.. Mais hélas"
"Hélas quoi?"
"Elle est morte de la grippe espagnole en arrivant à Paris, en 1921.."
"Désolé, petit père.. Et maudit soit notre exil: un de mes amis, il y a juste un mois, s'est tiré une balle dans la tête par désespoir,
chez moi, dans ma chambre!" rit-il nerveusement, et brusquement, soupçonneux
"Soukhotine.. Soukhotine.. depuis que je suis à Paris, j'ai trop entendu ce nom associé à un autre torchon: "les Protocoles..".
Brutal "Aurais-je eu tord de ne t'avoir pas sabré?"
"Rassure-toi" précise lentement Soukhotine "C'est un grand oncle.. Il a joué le prête-nom pour protéger une madame K.
qui a été utilisée par l'Okhrana pour passer les "Protocoles" de Paris à St Pétersbourg.."
"Une grande âme!" grommelle Makhno ".. pour une dame K !" éructe-t-il violemment
"c'est bien par l'arrogance et la bêtise de votre caste de noblions que la Russie a sombré!
Quand je pense que j'ai fait brûler des tirages entiers des "Protocoles" et fusiller leurs diffuseurs!
D'ailleurs l'un de tes copains de crime, Pourichkiévitch, n'a-t-il pas été en 1918-19 en Ukraine, l'instigateur de quelques pogroms?
Tu joues les purs et c'est moi, ici, en France, qui passe pour l'antisémite sanguinaire!.. Canaille de Kessel..
Un spasme le prend, il hoquète, crache dans son mouchoir et s'essuie la bouche, abattu. "Et maintenant, ces poumons! Maudit bagne!"
Soukhotine, dans un geste surprenant, vif et tendre, enserre une main de Makhno dans les siennes
"Batko, ne te méprends pas. Je hais comme toi cette caste stupide, même si j'en faisais partie, qui a conduit notre sainte mère Russie au désastre..
Tu aurais peut-être mieux fait de m'exécuter - enfin, non! j'ai maintenant ma fille! ma petite Ludmilla-..
Je t'ai toujours admiré comme un grand guerrier.. trop grand, sans doute..
car, sais-tu que si tu ne nous avais pas battu, dans un rapport de force de 1 à 10 !, à Pérégonovka le 26 Septembre 1919,
nos troupes blanches seraient entrées dans Moscou un mois plus tard?
Lénine et sa clique avaient déjà préparé leur fuite à Helsinki, tout fiers d'avoir tenu plus que la commune de Paris!
Et je ne parle pas de ta percée impensable en Crimée le 8 Novembre 1920 qui nous a forcés à quitter à jamais notre mère patrie.."
Makhno, calmé, se dégage doucement de l'emprise de Soukhotine
"Je sais, je sais.. L'Histoire ne pardonne rien.. Entre la peste et le choléra, les rouges et vous, nous, pauvres paysans anarchistes,
étions politiquement un peu trop .. tendres!" Il ricane.
"Mais n'as-tu pas, toi-même, avec tes amis Youssoupoff, le grand duc Dimitri, Pourichkiévitch,
manqué votre rendez-vous, avec Elle , l'Histoire!?
On m'a raconté que dans les jours suivant la liquidation de Raspoutine, dans le nouvel espoir que vous aviez créé,
vous auriez pu avec l'aide de plusieurs régiments de la garde impériale et d'ouvriers de St Pétersbourg destituer cette chiffe-molle de Nicolas II,
envoyer l'allemande dans un couvent et proclamer tsar le tsarévitch avec le grand duc Dimitri comme tuteur.."
"C'est vrai.." soupire Soukhotine "Hélas, Dimitri n'a pas voulu trahir les Romanov, son oncle.. "
"Heureusement!" s'esclaffe Makhno
"Je serai aujourd'hui encore au bagne! C'est la révolution de 17 qui m'a libéré"

Entre alors un immense colosse dont l'ombre engloutit toute la pièce. Makhno se lève."Piotr, Allons-y!"
Il quitte les lieux claudiquant fortement "Foutue balle dum-dum!" suivi par Soukhotine saluant furtivement l'hôtesse de la tête.

 

Cher lecteur, "Ton nom, t'a-t-il déjà sauvé la vie?"

Au moins, ton nom "fait-il" ta vie?
??
Mais si, cher lecteur,
aprés toutes les générations de charcutiers M M & M. Ducochon,
souviens-toi, en 1981, du premier gouvernement socialiste:
M.Delors aux finances,
M.Deferre à l'intérieur,
Mme.Cresson à l'agriculture,
M.Painsec à la mer
...

De quelles vies suis-je donc la pierre à louanges?


°Joseph Delteil, "Sur le Fleuve Amour" 1923
* Joseph Kessel, "Makhno et sa Juive" 1926
#Alexandre Skirda, "Nestor Makhno, le cosaque libertaire" 1999

 

Mais voilà l'histoire, toute drapée de limon sec..

"Je vous implore, foule des ombres silencieuses, et vous, dieux infernaux,
et toi, sombre Chaos, et toi, obscure demeure du ténébreux Pluton. Et vous,
âmes enchaînées aux rives du Tartare dans l'affreuse caverne de la Mort,
libérez vous de vos supplices pour accourir à cet hymen d'un genre nouveau!

A présent, évoqué par mes secrètes cérémonies, viens, astre nocturne,
sous ton masque le plus lugubre, avec la menace de ton visage multiple.
Pour toi, selon l'usage de ma race, j'ai libéré ma chevelure;
j'ai parcouru de mes pieds nus les bois mystérieux, j'ai fait
tomber la pluie des nuages sans eau, j'ai refoulé les mers
jusqu'en leurs profondeurs, et l'Océan a ravalé ses puissantes
vagues, car j'ai fait plier ses marées. Le firmament dont j'ai
bouleversé les lois a vu en même temps le soleil et les étoiles;
et vous, Ourses, vous avez touché la mer qui vous était interdite.
J'ai renversé le cycle des saisons: la terre en été a fleuri sous
le charme de mes incantations, et Cérès a dû répandre sa
moisson en hiver; le Phase bouillonnant a fait remonter ses
flots jusqu'à leur source et l'Ister aux multiples embouchures
a réprimé ses eaux tumultueuses pour couler paresseusement
entre toutes ses rives. Les flots ont grondé, la mer furieuse
s'est gonflée, quand le vent s'apaisait; l'antique forêt, naguère
profond refuge, a perdu ses ombrages, sur l'ordre lancé par
ma voix; le jour est resté: Phébus s'est arrêté à mi-course et
les Hyades, ébranlées par mes incantations, vacillent.
Il est temps, Phébé, d'assister aux sacrifices que je t'offre.
C'est pour toi que de ma main sanglante sont tissées ces
guirlandes entrelacées de neuf serpents, pour toi.."


Médée

"Jouis lentement de ton crime: ne te hâte pas, ô ma souffrance.
Ce jour est à moi; le temps que l'on m'a accordé, je veux en profiter"

 

Jason

"Monstre, tue-moi donc!"

 

 

Médée

"Tu me demandes d'avoir pitié. (Elle tue son autre fils.)
C'est bien, voilà qui est fait: je n'ai plus rien, ô ma souffrance,
à t'offrir en sacrifice. Lève vers moi tes yeux gonflés de larmes,
Jason, ingrat.
Reconnais-tu ton épouse? (un char ailé apparaît.)
C'est ainsi que j'ai coutume de fuir: un chemin s'ouvre à moi
dans les cieux; ces deux serpents qui offrent leur cou écailleux
au joug sont mon attelage. (Elle lance à Jason les deux cadavres.)
Recueille à présent tes enfants, tu es leur père.
Moi, je vais m'envoler sur mon char ailé.

Jason

"Va, traverse les airs, monte jusqu'au haut des cieux, et atteste que là
où tu t'élèves il n'y a pas de dieux!"°
...

 

Médée

"Rien n'est plus possible, désormais."°°


*

 

"Au soir du 13 Février 1945, la catastrophe s'abattit sur Dresde:
les bombes tombaient, les maisons s'effondraient, le phosphore coulait à flots,
les poutres en flammes craquaient au-dessus des têtes aryennes et non aryennes,
et la même tempête de feu entraînait Juifs et chrétiens dans la mort;
mais pour celui des soixante-dix porteurs d'étoiles environ que cette nuit épargna,
pour celui-là, elle signifia le salut, car, dans le chaos général, il put échapper
à la Gestapo."**

Seule au petit matin, une silhouette dans le champ de ruines et de cendres
de ce qui fut la gare centrale de Dresde:
debout, le colonel Soukhotine, rabat le col de sa vareuse informe se protégeant d'un froid cinglant, époussette ses épaules puis,
au milieu de fumerolles, les mains dans les poches, se met lentement en marche vers l'Ouest.
Cette nuit là, le miraculé avait perdu, avec sa petite valise de S.T.O ***,
la dernière étoile qui l'avait accompagné jusqu'en enfer:
la croix de Saint Georges.
Elle l'avait honoré pour sa bravoure lors de combats féroces dans les Carpates
contre les troupes austro-hongroises l'hiver 1915. Là-bas, dans les trombes
de neige, ce n'était pas le phosphore qui vous réchauffait mais le ventre ouvert
des chevaux fraîchement tués.

"Les serpillères rouges du ciel épongeaient le sang avec un bruit flasque.
Un long camion à plateau chargé d'hommes en bouillie et rôtis passa, silencieux,
sur ses roues de caoutchouc."***

Tulle, préfecture de la Corrèze, 30 Avril 1945.
Une main frappe à la porte d'un petit appartement en haut d'un escalier branlant.
Le visage de la jeune femme qui vient d'ouvrir s'embrase de joie: "Père!"
"Ludmilla!" s'exclame Soukhotine en l'étreignant.
Ils sont trois assis autour d'une minuscule table de cuisine devant des bols de soupe chaude: le colonel, sa fille et Philippe, son mari depuis très peu.
Le jeune couple s'était tout juste installé, Philippe nommé professeur de philosophie au lycée en remplacement de son prédécesseur pendu par les
nazis.

"Pourquoi étiez-vous donc en taule?"
-Ben j'ai dit des mots qui n'ont pas plu
(Elle avait offensé le Führer, les symboles et les institutions du Troisième Reich)
Ce fut l'illumination…
"Pour des mots".**

Ludmilla n'en avait pas eu un de son père déporté en Allemagne, car apatride
en France, dans le cadre du Service de Travail Obligatoire depuis 4 ans.
Heureusement, le signe d'une célébration:
Soukhotine, il y a une semaine, lisait dans le Figaro l'annonce de leur union.
La radio grésille: "Hitler s'est suicidé".

"Quand je serai mort, le premier qui viendra me parler de résurrection, je lui botte le train"***

 

Pourquoi les ressuscités sont-ils si souvent muets?

 

"Si le serpent mord faute d'être charmé, il n'y a pas d'avantage pour celui qui a une langue"°°°

 

Méduse, médusée,
ô ma mère
sombrant
dans ton ombre,
tu m'as mis en bouche ce nom
maintenant de pierre

 

** "LTI, la langue du IIIe Reich" Victor Klemperer
*** "Scènes de la vie d'un faune" Arnod Schmidt
^ "La vie privée d'Adam et Eve" Mark Twain
° Médée, Sénèque
°° Médée, Pasolini
* Your Old New Land must have you! Join the Jewish regiment
"l'Amour de Sion" Jewish Legion 1914-1915
°°°Ecclésiaste.10,11


Sombrer dans son ombre
hyperbolique image du soi, silence..
s'il en est un en finitude
oh juste

le goût livide de l'origine

" Mais tandis que les derniers tourbillons se refermaient sur la tête de l'Indien au grand mât, laissant encore émerger sa flèche
ainsi que le pénon qui flottait paisiblement de toute sa longueur, la dérision d'une coïncidence voulut qu'au-dessus des lames destructrices
qui le touchaient presque, un bras rouge tenant un marteau sortit de l'eau et d'un geste large, se mit à clouer plus fort et toujours plus fort
le drapeau à l'espar qui pointait encore.
Un aigle des mers avait suivi, provocant, la descente du grand mât loin de sa vraie demeure parmi les étoiles, harcelant Tashtego
en piquant du bec le drapeau; son aile se mit à battre entre le marteau et le bois et, sentant aussitôt ce frisson éthéré, le sauvage noyé,
dans la convulsion de son agonie, le cloua.
Ainsi l'oiseau du ciel au cri d'archange, le bec impérial levé, le corps captif du drapeau d'Achab, sombra avec son navire qui,
tel Satan, ne descendit pas en enfer sans avoir entraîné à sa suite une vivante part de ciel pour s'en casquer.
Et maintenant de petits oiseaux volaient en criant au-dessus du gouffre encore béant, une blanche et morne écume battait ses flancs escarpés,
puis tout s'affaissa, et le grand linceul, de la mer roula comme il roulait il y a cinq mille ans." °

 

Que faire

de l'irradiante fraternité
de ces bien-veillants immobiles
gabiers barbares en cage
au sommet de leur mât?

Rien

Tels des artistes
dans le naufrage du trop humain
ils sont l'ultime scintillement
aux abîmes de nos firmaments

Et le vieil oeil du Léviathan

° Moby Dick, Melville

 

 

 

 

 

"Cieux, écoutez, Terre, prête l'oreille

Je mets mes paroles dans ta bouche,
Et je te couvre de l'ombre de ma main,
Pour étendre de nouveaux cieux
et fonder une nouvelle terre.."

Médée ma mère
m'a nommé pierre
sur laquelle le sacrifice
de ses fils
envolés
d'elle,
Soleil!
ô grand grand père
notre sang chante ta lumière
et de nos veines ailes gorgées
ce farouche nectar sans cesse
ô douce houle fraternelle
ô mâle humaine médusée

Un jour, un grec, Jason premier violeur de mer, ravit Médée, petite-fille du soleil, qu'il nomma la barbare et cela se termina mal.
Un autre jour, de nouveaux américains - faux frères en viol d'océan - en déportèrent d'anciens - des hommes qui se nommaient eux-mêmes
"de l'origine", Yuchi - et tout cela se perpétua.. pas très bien.
Mais un troisième jour, un très lointain fils de cette petite-fille, selon lui, - ou l'Autre, la sorcière, la femme, selon tous, occidentaux s'il en est -,
rencontra deux de ces yuchis contemporains, deux artistes, deux proches de l'origine, selon eux.
Et qu'advint-il?

Par-delà nos caractères de violence, d'idiotie, de crapulerie, en toute bienveillance et confiance, un tout petit travail d'import/export..

Berlin, 1930. Alors que Goebbels se lamentait dans son journal intime que les nazis n'arriveraient jamais au pouvoir,
un Wagner, Gunther, ethnologue, revenant d'un séjour d'études de plusieurs mois à Gypsi, Oklahoma,
où vit une toute petite communauté indienne dont la langue est unique, n'appartenant à aucun groupe linguistique,
et qu'une légende désigne comme l'une des tribus perdue d'Israël,
s'apprétait à publier ses "histoires Yuchi"..

Il y avait une fois, là, une femme.
Quand elle alla puiser de l’eau,
sur la terre,
du sang était tombé.
Elle le vit, elle le toucha, elle le prit .
De ce sang,
un bébé est né.
Il n’y avait personne
et ce sang était tombé.

Soleil était en chemin
C’est elle qui le perdit.
Et la femme le trouva.
C’est ce qu’ils disent.. ou ils disent que..
C’est la femme qui l’a trouvé qui était
Soleil.
L’enfant était un homme rouge.
Il était le fils du Soleil.
Tsoya’ha était son nom.
Et cela fut ainsi.
Et les Yuchis sont sur Terre Mère

TSOYA’HA..

Je suis Tsoya’ha, fils du soleil,
Adam du peuple Yuchi*

"Dans la langue du peuple Yuchi, il n'y a pas de mot pour ligne de démarcation, frontière, bord ou paysage mesuré, expertisé, désigné et mis à part
comme l'exclusive possession d'un seul.
Dans la langue yuchi, le mot pour terre, saa-che, est éphémère et mouvant et il n'a pas de véritable et littérale traduction.
Saa-che, terre, s'asseoir, en-dessous, en-dessus..
Notre relation à la terre est que nous sommes plus et moins que l'espace que nous occupons en ce moment.
Nous sommes sculpturaux et cinétiques dans cet espace de nos affinités tribales et c'est la terre elle-même qui nous possède comme peuple
et ceci est réfléchi dans la langue yuchi.
Nous nous courbons et nous apprenons à nous conformer à la langue de la terre. Ceci est l'équilibre qui a continué e nous maintenir
à travers les tyrannies de l'Histoire et les machinations contemporaines.
Cette leçon première partagée reviendra.
C'est un puissant mandat de discipline enseigné par l'action et le mot.
Le concept d'approcher la terre comme une réalité à posséder, vendre, diviser par des clôtures, des barbelés, pierres, papiers, idées
et de nous séparer nous-mêmes les uns les autres et d'étendre ces frontières à ce que nos besoins et nos caprices nous dictent..
ce concept n'existe pas dans le vocabulaire des peuples de l'origine, de la tribu des Yuchi, il n'est pas non plus dans notre vocabulaire d'artistes,
de fabricants, d'hôtes et de citoyens tribaux de nations auto-définies et auto-reconnues.
C'est cet effort partagé et collectif de liberté qui nous permet d'élever la voix de l'autodétermination.
La langue de la terre nous imprègne de cette nécessaire transmutation quotidienne et cyclique..
sans les préceptes ou frontières de nos pensées et besoins, sans une barrière ou limite autour du coeur, du mot et de la terre.
Dans cette voie, cette langue continue à nous servir stratégiquement.
Elle délivre un sens solide de l'identification et du voyage.
Nos combats sont transformés chaque jour et renouvelés
avec la clarté textuelle de
l'Origine."**

 

.. la clarté textuelle de l'Origine?
Ah, mère..

 

 

"des revenants grelottent
jour s'effondrant
poumons implosant
chiens
empoisonnés dans le champ
quelqu'un gît
abandonné se décomposant
sans nous, proche
féroce mentalité de ces actes
je place mes cheveux entre
mes dents
un palais d'une bouchée
claque, sec
je sens
mon humanité de coeur
dans la toundra
ne peut pas être traversée
immense primordial mot
lapidaire
pas de traduction
go hah doe eh de gah lo hah"**

 

Madame, un dernier mot sur votre Médée?

"Qui a peur de Balzac? Moi.
Dreyer baisse, Murnau monte, Mizoguchi baisse, Renoir monte;
les actions de Keaton sont bien cotées, pareil pour celles de Flaherty.
La diégésis perd du terrain par rapport à la mimésis:
mais ni Platon ni Aristote n'avaient envisagé
la possibilité du discours vécu;
eh bien, ce dernier aussi est en baisse.
Des pics très élevés sont atteints par les fonctions diégétiques
de la description, vive Boileau:
Soyez riches et pompeux dans vos descriptions!
Catalyses, catalyses à donner en pature aux porcs réunis à Venise
toujours de nouvelles catalyses, avec des fonctions narratives obscures, obscurissimes
la grâce est dans les Indices
l'Histoire est dans les Fonctions
dans les catalyses est la grâce impure et l'indéchiffrabilité de l'histoire
est chèrement payée par les poètes du redondant!
D'un autre côté les tracas qu'ils subissent, ce sont eux qui les cherchent.
Il ne fait pas de doute que dans le redondant il y a le Démon,
car en lui on ne dit pas oui si c'est oui ni non si c'est non." ***

 

"Le paradoxe n'en fait qu'à sa tête"
sourit
tel le chat du Cheshire
& tel mon père juste avant qu'il ne s'en aille aussi.
A. Soukhotine
=

 

Ils allaient, ils allaient toujours, et lorsque cessait la champ funèbre, on croyait entendre,
continuant sur leur lancée, chanter les jambes, les chevaux, les rafales de vent.
Les passants s'écartaient pour laisser passer le cortège, comptaient les couronnes, se signaient.
Les curieux se joignaient à la procession, demandaient:
"Qui enterre-t-on?"
On leur répondait:
"Jivago"
"Ah bon! Je comprends!"
- Mais non, pas lui.
Elle.
...
+

Un jour, sous ma table en formica blanc, j'ai vu un raisin sec poussiéreux,
et j'ai dansé avec, puis je l'ai mangé.
Et en moi il ya eu comme un lointain.
++

..Tous ceux qui suivent sa trace, jusqu'au plus petit, au plus faible,
doivent marcher sur un coin de neige vierge
et non dans les traces d'autrui.
Quant aux tracteurs et aux chevaux, ils ne sont pas pour les écrivains
mais pour les lecteurs.
+++

 

* Gunther Wagner "Yuchi Tales" Berlin 1930
**Joe Dale Tate Nevaquaya, Oklahoma-City 1992
***Pier Paolo Pasolini "Médée" poème "la recherche du relatif" 1969
+ Boris Pasternak, début du "docteur Jivago" 1955
++ Herta Müller, fin de "la bascule du souffle" 2009
+++ Varlam Chalamov, fin du premier des "Récits de la Kolyma" 1956
= A.Soukhotine, Editions de Moscou 1980
dont l'homonyme
dit Pierre, pierre mais de quelles louanges?
etc...

 

Dernière péripétie:

Un espion anglais que le prince Youssoupoff n'évoque jamais
aurait été présent lors de l'assassinat de Raspoutine
- l'Angletterre craignait que ce dernier ne convainque la tsarine et le tsar
de conclure une paix séparée avec l'Allemagne -
et aurait tiré le troisème coup de feu fatal
- enfin celui qui l'a neutralisé, Raspoutine est mort noyé après avoir été balancé dans la Neva -
Oswald Rayner.
Je viens de découvrir que celui-ci est le seul à nommer aussi Soukhotine par ses prénoms:
Sergueï Mikhailovitch..
Wladimir n'est donc définitivement pas l'un des tueurs, il s'agit sans doute d'un cousin.
Soit?
Oh déception?!

Plutôt cet étrange entre-deux:
des Protocoles à Raspoutine
Soukhotine a résonné..

- restons en Angleterre, c'est le Times qui, le 8 Mai 1920, a "lancé" les "Protocoles"
dans un éditorial intitulé "le péril juif, un pamphlet troublant, enquête à faire"
avant de se déjuger en 1921 avec son correspondant à Istanboul
qui relate une rencontre avec un officier émigré russe lui parlant des "Protocoles"
comme d'un faux fait par la police tsariste en plagiant "les dialogues entre Machiavel et Montesquieu"
rédigés par un avocat français anti-bonapartsite M. Joly à Bruxelles en 1865..
L'officier russe lui montra un exemplaire des "Protocoles" qui présentait au verso un nom écrit à la main:
A Soukhotine.

Et le son de ce nom
a bien sauvé d'une mort certaine
Tamara et Wladimir.

AAAh Soukhotine
tel le chat du Cheshire
sourit l'écho

Pierre, pierre mais de quelles louanges?

 

PS:
au moins celle de Wladimir Illitch?
??
Un peintre moscovite, Illya, m'annonce qu'il a trouvé via l'internet russe
un Wladimir Illitch (fils d'..Illya) Soukhotine
officier de la garde impériale, né en 1892, vielle noblesse de la province de Toula.
Nous y serions..
Wladimir Illitch!
Voilà pourquoi ma mère, Médée, ne l'appelait jamais par ses prénoms!
Que les parents de l'infâme Lénine aient osé..
Ultime sarcasme de cette histoire toute drapée de limon sec?

"Mange camarade" et de nouveau chemin faisant,
sa main me tend une grappe de prunelles de la mer.
Ainsi allions nous tous deux à l'interrogatoire, au pied des montagnes.
Et le lait sec des buffles crissait dans ma bouche..

Wladimir de tous les Wladimir,
Khlébnikov
...

et
criSSSait
dans ma bouche
la petite pierre à louange
de toute les Russies magiciennes, passées et à venir,
celles des Tsvetaeva, Tarkovski, Paradjanov, Pasternak, Mandelstam, Biély, Blok, Akhmatova..

 

 

 

...